Saturday, August 6, 2016

Première atteinte à la Vénération
de la Mère de Dieu.

Saint Jean Maximovitch.

Saint Jean Maximovitch portant
 L'icône miraculeuse de "Koursk".
   Plus la foi en Christ se propageait, plus étaient glorifiés sur la terre le nom du Sauveur du monde et de la Mère du Dieu-Homme, et plus s'attisait contre elle aussi la haine des ennemis du Christ. Marie était la Mère de Jésus. Sa vie avait été un modèle de pureté et de droiture, jamais égalé, et, à présent qu'elle avait quitté ce monde, elle était devenue, d'une manière invisible aux yeux du corps, un puissant secours pour les chrétiens. Ainsi tous ceux qui haïssaient notre Seigneur Jésus Christ, qui ne croyaient pas en Sa parole, qui n'entendaient rien à son enseignement, ou pour être plus exact, ne désiraient pas l'entendre de la même manière que l'Église, mais substituer à la prédication du Christ leurs propres sophismes, tous ceux-là reportèrent leur haine du Sauveur, de l'Évangile et de l'Église sur la Vierge Marie toute Sainte. En discréditant la Mère du Christ, ils pensaient ainsi réduire à néant la Foi en son Fils, et en donnant une fausse image d'elle aux hommes, ils ambitionnaient de reconstruire le christianisme sur de nouveaux fondements. Dans le sein de Marie, la divinité et l'humanité s'étaient unies. N'avait­-elle pas été, pour ainsi dire, l'échelle par où le Fils de Dieu était descendu des cieux?. Nier que les chrétiens dussent vouer vénération à la Mère de Dieu, c'était, en attaquant le dogme chrétien dans ses fondements, en détruire tout l'édifice.

   Ainsi les débuts de sa gloire céleste furent aussitôt marqués, de la part des incroyants, par un déchaînement de haine et de malignité à son endroit. Après la sainte Dormition de la Vierge, les apôtres transportèrent son corps pour l'ensevelir à Gethsémani, au lieu qu'elle avait choisi; L’apôtre Jean marchait en tête, tenant en main un rameau du paradis, don de l'Archange Gabriel venu des hauteurs, trois jours auparavant, pour annoncer à la Toute Sainte son prochain départ vers les demeures célestes.
   Saint Pierre entonna le psaume 113 : «Quand Israël sortit d'Égypte, la maison de Jacob se sépara d'un peuple barbare», «alléluia », reprenait en écho l'assemblée des apôtres et de leurs disciples, et, parmi eux, saint Denis l'Aréopagite, lui aussi miraculeusement transporté jusqu'à Jérusalem. Et, pendant que l'assistance modulait le psaume laudique, sainte hymne qui pour Israël a nom «grand alléluia» (« louez le Seigneur »), un prêtre juif, "Jéphonias", courut vers le cercueil, cherchant à jeter à terre le corps de la Mère de Dieu.
   L'affront de "Jéphonias" reçut aussitôt son châtiment: l'Archange Michel, armé d'une épée invisible, lui coupa la main, qui demeura accrochée au cercueil. "Jéphonias" terrassé par la violence de la douleur et comprenant son péché, se tourna vers le Seigneur Jésus que jusqu'alors il avait eu en haine, lui adressa une fervente prière et reçut aussitôt la guérison. Devenu chrétien, il confessa le Christ devant ses anciens co-religionnaires, qui le mirent à mort, et il reçut ainsi la couronne du martyre. Voilà comment, en tentant d'outrager la Mère de Dieu, il avait contribué à la glorifier davantage. Dès lors, les ennemis du Christ n'osèrent plus manifester leur hostilité par la violence, mais leur haine ne s'évanouit pas pour autant. Voyant que le christianisme était prêché en tous lieux, ils se mirent à colporter maintes calomnies à propos des chrétiens. Ils n'épargnèrent pas non plus la réputation de la Mère du Seigneur, et ils inventèrent la fable selon laquelle Jésus de Nazareth était issu d'un milieu sordide et immoral, et que sa mère avait fréquenté certain soldat romain.
   Mais cette fois le mensonge était trop criant pour pouvoir retenir l'attention du peuple. Toute la famille de Joseph le fiancé et de Marie elle-même était bien connue des habitants de Nazareth et des environs. «Quelle est cette sagesse que Dieu lui a donnée?. Et comment de tels miracles s'accomplissent-ils par ses mains?. N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Jude et de Simon?. Et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous?» (Matt, 13,54-55; Marc 6, 3; Luc 4,22). C'est aussi ce que dirent ses compatriotes à Nazareth, lorsque le Christ manifesta sa sagesse céleste devant eux, dans la synagogue. Dans les petites villes, les affaires de famille de chacun sont bien connues, et l'on surveillait alors de près la pureté de la vie conjugale.
   Les gens eussent-ils témoigné tant de respect à Jésus, l'eussent-ils appelé pour prêcher dans la synagogue, s'Il était né d'une union illégitime?. En effet, on eût appliqué à Marie la loi de Moïse, selon laquelle pareil crime méritait la lapidation; et les Pharisiens eussent eu beau jeu de reprocher au Christ la conduite de Sa Mère. Or, bien au contraire, Marie forçait l'estime et le respect de tous; aux noces de Cana, elle était une invitée d'honneur, et même après la condamnation du Christ, personne n'eût osé tourner sa Mère en dérision ni élever contre elle le moindre blâme.

Référence :
Pignot H. et Syrokhvachine M. (2005), Saint Jean Maximovitch : La Vénération de la Mère de Dieu dans L’Église Orthodoxe, Edition L’Âge de l’Homme, Collection La Lumière du Thabor, Paris, France.