Saturday, September 30, 2017

“Chante et ne cesse jamais de chanter”...
Saint Jean Coucouzèle et l'icône Notre Dame Coucouzelissa.


    Notre Père Jean Coucouzèle naquit à Dyrachion (ou Justiniana Prima) en Illyrie sous la dynastie des Comnènes (12e s, ou, selon certains, seulement à la fin du 15e s). Orphelin de père, il fut confié par sa mère aux meilleurs maîtres et reçut une éducation soignée. II fut bientôt remarqué pour sa voix angélique et devint le meilleur des chantres de la cour et le favori de l'empereur. Ce dernier désirait marier Jean avantageusement, mais, secrètement, le jeune homme n'aspirait qu'à quitter le monde et à embrasser la vie des moines. Une visite de l'higoumène de la Grande-Lavra fut l'occasion que Dieu lui offrit. Il se présenta à l'higoumène sans dévoiler son identité et, après une épreuve de quelques jours, celui-ci le revêtit de l'habit angélique et l'emmena avec lui sur la Sainte Montagne.



   Il reçut la charge de paitre les boucs dans les montagnes. Éloigné ainsi de tous, il persévérait tout le jour dans la prière et élevait vers Dieu de si douces mélodies que les bêtes de son troupeau cessaient alors de brouter et toute la création semblait s'arrêter pour ne pas le troubler. II fut cependant entendu un jour par un moine qui, frappé de ce talent si extraordinaire, alla rapporter l'événement à l'higoumène. Jean dut ainsi révéler sa véritable identité. Mais grâce à l'intervention de l'higoumène auprès de l'empereur, qui l'avait fait rechercher partout, il put rester sur le Mont-Athos. II s'installa à proximité de Lavra, dans une cellule dédiée aux Saints Archanges, où il demeurait dans la solitude six jours de la semaine, ne revenant au monastère que le dimanche, afin d'y chanter à l'église en élevant au ciel les cœurs des nombreux moines. Un samedi, après avoir chanté tout l'hymne acathiste, après les vigiles, il s'assit dans sa stalle en face de l'icône de la Mère de Dieu, pour laquelle avait été chanté l'acathiste. Un doux sommeil vint soulager son esprit fatigué.
    « Réjouis-toi, Ioann ! » retentit soudain une douce voix .
    Ioann leva les yeux ... Toute nimbée d'une lumière céleste, la Mère de Dieu se tenait devant lui. «Chante et ne cesse jamais de chanter, dit-elle.
    Chante, et jamais je ne t'abandonnerai. »
   
    En disant ces mots, la Mère de Dieu déposa dans la main d'Ioann un écu d'or et elle redevint invisible. Saisi d'un sentiment d'inexprimable joie, Ioann se réveilla et il vit que, réellement, un écu d'or reposait dans sa main droite. Des larmes d'une sincère gratitude jaillirent de ses yeux; il fondit en larmes et bénit la grâce inouïe que venait de lui faire la Reine du Ciel. On suspendit la pièce d'or à l'icône devant laquelle Ioann avait chanté et qui l'avait gratifié d'une vision céleste, et depuis, cette icône, ainsi que l'écu d'or, accomplirent d'extraordinaires miracles.
   Depuis lors, Ioann s'appliqua avec un zèle décuplé à sa tâche d'obéissance dans le chœur. Or, à cause des longues stations debout dans l'église ainsi que des durs exercices secrètement accomplis dans sa cellule, ses jambes enflèrent, se couvrirent de plaies qui grouillaient d'asticots.
    Cependant, il ne souffrit pas longtemps, à nouveau, comme précédemment. la Mère de Dieu lui apparut dans un rêve bienheureux, et elle lui dit doucement: « À cette heure même, sois guéri ! » Les plaies disparurent et Ioann, plein de gratitude, passa le reste de ses jours dans d'extraordinaires exploits de contemplation spirituelle; son esprit fut à ce point illuminé qu'il reçut la grâce de connaître le jour et l'heure de son trépas. Il fit des adieux touchants aux frères rassemblés auprès de lui et leur demanda d'inhumer son corps dans l'église des Saints-Archanges édifiée par ses soins, et,avec un sourire paradisiaque sur ses lèvres qui murmuraient des prières, il rendit son âme au Seigneur.


Monastère de la Grande Lavra. Mont Athos.




Références:
"Le Synaxaire". Tome 1er.Macaire,moine de Simonos-Petras.(1987)
"Lettres du mont Athos", (2004)
Agion Oros - Mount Athos
http://holymountain-agionoros.blogspot.com/2012/04/0050-miraculous-icon-of-panagia.html